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Libération
Reportage

A pleins poumons dans la salle de gym du lycée. Il aura fallu attendre dix ans pour fermer le gymnase contaminé d'un établissement de Loire-Atlantique.

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publié le 14 février 1996 à 1h19

Nantes, correspondance

Les professeurs de gym se font du mouron à pleins poumons: au lycée privé Saint-Joseph-la-Joliverie à Saint-Sébastien-sur-Loire (Loire-Atlantique), ils ont passé entre huit et dix-sept ans à respirer de l'amiante en poudre et en flocons, en suspension ou tombé au sol. Le flocage à l'amiante des poutres du gymnase tombe en poussière depuis plus de dix ans. «C'est pire pour les élèves qui s'y sont dépensés, en ventilation pulmonaire 10 à 20 fois au-dessus de la normale», disent les profs de gym. Si la salle est aujourd'hui fermée, son histoire est un cas d'école. Faute de pouvoir faire le mort, l'administration bouge le moins possible. Et n'ébruite pas l'affaire. Un exemple que l'on peut multiplier en France avec les mêmes initiatives malheureuses, les mêmes chapes de silence. Et le refus d'assumer l'héritage en prévenant les victimes éventuelles.

Réalisée en 1976, deux ans avant l'interdiction de l'amiante dans la construction en France, la salle de sports vieillissait mal depuis quelques années. Dès 1985, les profs d'éducation physique et sportive alertent de manière chronique le comité d'hygiène et de sécurité sur cette présence d'amiante. «Ça tombait. Des petites choses sur le sol, c'était tout blanc», avoue aujourd'hui le directeur, Michel Nicou qui fait exécuter les travaux d'arrachage l'été 1994. «Juste avant qu'on commence à parler du problème de l'amiante», ajoute-t-il en oubliant les protestations faites par son personnel depuis presque dix ans