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Libération
Interview

Alix, 17 ans, trois années sur l'eau et bien sur terre. De sa bourlingue familiale sur l'Atlantique, elle a gardé un autre regard et une plus grande exigence.

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publié le 15 février 1996 à 1h16

En octobre 1991, Alix de Neuville, petite fille de 12 ans, largue

les amarres avec ses parents, sa soeur et ses deux jeunes frères pour une longue croisière en Atlantique Nord. Madère, le Cap-Vert, les îles Vierges, les Bahamas, New York, le Groenland, Terre-Neuve, Cuba, les Açores: trois ans de bourlingue et un retour vécu «sans coupure». Alix a aujourd'hui 17 ans.

Qu'as-tu découvert pendant ce long voyage?

Ce que j'ai préféré, c'était les rencontres. Avec chaque personne, on vivait des choses différentes. Au Groenland, on a appris à manier le fouet. A Cuba, on a appris à pêcher. Aux Etats-Unis, on s'est mis à l'anglais. Je me souviens bien du Cap-Vert, parce que c'était notre première escale et un total dépaysement. Avant de partir, on avait une grande maison avec tout le confort. Là, il n'y avait pas de lave-vaisselle, pas de télé, et on vivait vraiment super. Quand on était dans les ports, on voyait des gens arriver, comme nous, mais par d'autres chemins. J'ai découvert qu'il n'y avait pas une seule façon de voir les choses et qu'on peut être heureux sans tout le matériel de consommation. On était content de partir et on était aussi content de rentrer et d'avoir des racines durables. Mais le voyage, aujourd'hui, on en parle très peu. D'ailleurs, les gens paraissent indifférents. Mais soit ils sont admiratifs, soit on sent comme une jalousie cachée. Ces trois ans de vie, on ne peut pas vraiment les partager avec quelqu'un. C'est bizarre, les gens sont dans leur propre sphèr