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Interview

«Faire des collections, c'est pour moi une forme de thérapie». Walter Van Beirendonck refuse l'étiquette de «cyberdesigner» en réaffirmant le sérieux de sa démarche.

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publié le 20 février 1996 à 1h02

Walter Van Beirendonck ­ styliste de 40 ans, originaire d'Anvers, où

il a suivi les cours de l'Académie royale des beaux-arts ­ s'affirme comme l'irrécusable parangon de la mode «cyber». En moins de deux ans, il a imposé son label, W<, destiné à habiller la tribu des accros des jeux vidéo et autres espaces virtuels. Votre mode s'inspire de l'engouement pour les images virtuelles, l'Internet, bref tout ce qui touche à la cybernétique. Etes-vous un petit malin qui profite de l'air du temps?

Non, il ne s'agit pas du tout de cela. Beaucoup pensent que l'essentiel de mon travail porte sur le fun mais, en fait, c'est un travail très sérieux. Il y a une recherche très profonde sur le stylisme, les couleurs, le graphisme, mais, pour moi, le plus important, c'est le mélange de tout cela. Cela me choque toujours un peu quand on veut absolument me faire passer pour le fou qui fait des choses bizarres, qui utilisent des couleurs hors de la norme. Derrière ces vêtements apparemment amusants se cachent une multitude d'histoires, que je veux transmettre, et elles ne sont pas toujours superficielles, ni même spécialement gaies. Sur les masques que j'utilise ou bien sur les maquillages, on peut déceler des allusions appuyées aux problèmes de notre temps. Vous constaterez que j'utilise les visages pour exprimer toute la dureté du temps. Que ce soit la référence au sida, avec les cagoules hérissées d'épines, aux guerres et aux difficultés de la relation amoureuse.

Certains créateurs comme Jean