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Libération
Enquête

La pointeuse contre l'exploitation des cadres. Certains la considèrent comme un moyen de dénoncer les dépassements d'horaires.

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publié le 23 février 1996 à 0h53

L'histoire remonte à l'automne 1994, mais elle est plus que jamais

d'actualité. A l'époque, des salariés de McDonald's à Lyon découvrent que les pointeuses du restaurant où ils travaillent sont trafiquées. Elles n'enregistrent pas les heures supplémentaires qu'ils effectuent dans la journée. Paradoxalement, la direction utilise cette irrégularité informatique afin de masquer une autre irrégularité, sociale celle-là: le trafic fait avec les temps partiels, le produit le plus répandu dans la maison après le fameux Big Mac. Embauchés en contrats de 20, 25 heures hebdomadaires, la plupart des employés ont à leur actif beaucoup plus d'heures, et pourraient légitimement, sur la foi des compteurs non-trafiqués, réclamer une révision à la hausse de leurs horaires de travail. Evidemment une telle perspective ne ravit pas la direction, soucieuse, elle, de maintenir un maximum de flexibilité dans la gestion du personnel, quitte à tricher pour y parvenir.

Ce cas d'espèce est devenu un cas d'école pour l'inspection du travail, dont les équipes, cette année, ont décidé de donner la priorité au contrôle de la durée du travail. En Ile-de-France, les inspecteurs vont procéder à 500 contrôles «horaires» dans six à sept gros secteurs d'activité de la région. Une première et une nécessité. Car sans aboutir toutes forcément en correctionnelle comme McDonald's, les affaires d'arnaque au temps de travail se multiplient un peu partout à la faveur de la crise. On ne compte plus son temps, encore moin