A la Schlucht (1.139 mètres dans le massif vosgien) il y a le
Tétras, l'un des deux hôtels du col, le restaurant-brasserie, le magasin de souvenirs, le poste de gendarmerie, la petite cahute de l'Ecole de ski français et une imposante chapelle privée. Et à la Schlucht, il n'y a que ça. Avec l'arrêt du car et la cabine téléphonique prise dans la neige de l'autre côté de la route. Au Tétras, il y a Roger-le patron, plus de vingt ans de service et les 70 ans alertes, et il y a Roger-le client, viticulteur à Chablis, même âge et même allure, dix bonnes années d'assiduité dans l'endroit qu'il visite régulièrement en famille. Le Tétras, c'est le rendez-vous des habitués et des travailleurs du col. Sur les murs de la grande salle à manger, l'étonnante collection de cartes postales du maître des lieux, vieux sépias agrandis qui content l'histoire de la Schlucht de 1860 jusqu'aux années 40 (1). Les Alsaciens, les Vosgiens, les Allemands, la visite d'Hitler en 1940, la contrebande et la frontière... Force de l'atmosphère? On est là sans chichis, attablés autour d'une choucroute-purée ou d'un boeuf-spaetzel sortis tout droit du self. Le Tétras, c'est le royaume de «la vacance à la neige», comme au temps de la mer et des premiers congés payés. Et les plus beaux du restau, c'est les gars de la gendarmerie. Comme on voit tout le monde au Tétras, on y voit aussi Jean-Marie. Un gars presque aussi beau que ceux de la gendarmerie. Et qui se fait fort de vous emmener à peu près partout en raqu