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Libération
Reportage

Enceinte, trop moche, trop vieille: virées! Elles sont de plus en plus à être licenciées pour des motifs réservés aux femmes.

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publié le 11 mars 1996 à 2h54

Laurence travaillait depuis quatre ans comme agent de change, «un

métier où il faut être disponible pour les clients, y compris après les heures de travail», lorsqu'elle a décidé de se marier. C'était fin 1994. Elle se souvient d'en avoir averti immédiatement sa patronne, «parce que leurs relations étaient plutôt amicales». Quelques jours après, elle est convoquée dans le bureau de madame la directrice. «Simple formalité, la rassure celle-ci, je vous demande ça uniquement par souci de prévoir, le cas échéant, votre remplacement, mais pensez-vous faire un enfant tout de suite?» La conversation est détendue, Laurence acquiesce: «Le plus vite sera le mieux. Mais, je ne me marie qu'en août, rien ne presse.» Apparemment son interlocutrice n'aura pas entendu la fin de la phrase.

Quelques semaines après, reconvocation. Cette fois, le ton a changé: «je vous trouve démotivée, vous ne mettez plus la même ardeur dans votre travail, sans doute les préparatifs du mariage. Ecoutez, je vous propose un arrangement: je vous licencie, le temps des préparatifs, et vous reviendrez me voir après.» Interloquée, Laurence se confie à un ami avocat, qui lui conseille de répondre par la négative et par courrier. A partir de là, l'atmosphère dans la société devient franchement irrespirable pour la jeune femme. Sa patronne ne lui parle plus, tente de monter ses proches collègues contre elle. Et puis, courant juillet, un vendredi soir, elle la rattrape sur le pas de la porte, la sommant de signer sa dém