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Libération

Collante et étriquée, la mode exhibe son nombril. L'humeur est au pull rétréci, au pantalon taille basse. Une façon de jouer l'ambiguïté des genres.

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publié le 12 mars 1996 à 2h50

Alors que s'est ouverte hier matin la quinzaine marathonienne du

prêt-à-porter féminin, une question récurrente lancine l'amateur et la mateuse de mode: quelles seront les tendances de la saison prochaine? Interrogation d'autant plus taraudante que les créateurs prennent un malin plaisir à brouiller les cartes. Rétro, déjà-vu, recyclage, retour aux années 70, tyrannie du court, impérialisme du long? En fait tout à la fois. Tant il est vrai que ces critères, hérités de l'époque où la mode était scrupuleusement suivie, ne correspondent plus à rien. Mais, au-delà des diverses tendances (cross-gender, unisex, sportswear, streetwear), la mode des années 90 semble inventer, non pas de nouvelles formes, mais une nouvelle silhouette féminine, à base de chemisiers ras-le-nombril, épaules collantes et pantalons taille basse moulants.

Bref, une femme réduite, à l'allure étriquée dans des matières stretch au plaquage anatomique. De la mode comme un diminutif. Un constat que l'on aura pu confirmer, ce week-end à Villepinte (Seine-Saint-Denis) au salon Première Vision, réunion des professionnels du textile. Là, régnaient les fibres modernes et technologiques, à même de s'adapter à ces vêtements riquiqui tout près du corps. Concrètement, les créateurs ont établi la mode où tout existe en même temps, que l'on pourrait baptiser mode oxymoron, du nom de cette figure de style associant des termes contradictoires. Toutefois, dans cette confusion des genres, on peut repérer cette constante, plu