Pour les scientifiques, les prions sont une énigme, passionnante et
coriace, depuis plus de trente ans. Pour le grand public, le problème pourrait se résumer à cette question, aussi simpliste qu'inquiétante: peut-on manger de la viande de boeuf et des abats sans s'exposer à une maladie mortelle? Ces prions sont en effet responsables de maladies neurologiques gravissimes qui atteignent aussi bien l'homme (maladie de Creutzfeldt-Jakob) que plusieurs espèces animales dont les bovins la fameuse maladie des vaches folles qui frappe sévèrement les troupeaux anglais et les ovins (tremblante du mouton ou scrapie). Ces maladies posent un problème économique, celui de l'exportation des viandes et des dérivés bovins des pays touchés, et surtout un problème de santé publique: des dizaines de personnes ont déjà été contaminées par utilisation d'extraits de cadavres infectés (cerveau et cornée) et sont mortes de la maladie de Creutzfeldt-Jakob. Les spécialistes mondiaux des prions, réunis dans la plus grande discrétion du 18 au 20 mars au Val-de-Grâce à Paris, viennent de faire le point sur toutes les connaissances actuelles concernant les prions en essayant de répondre à cette question, toujours en suspens: les maladies animales causées par les prions sont-elles transmissibles à l'espèce humaine? Le mystère qui entourait cette réunion s'est encore épaissi lorsque les chercheurs britanniques ont quitté la réunion en catastrophe, rappelés par leur gouvernement qui faisait hier une anno