Un mystérieux et soudain changement de mentalités se cacherait-il
derrière le vieillissement du parc automobile français? On n'a jamais autant utilisé la voiture 12 millions sont vendues chaque année en Europe , mais les Français ont tendance à en changer moins souvent, tous les sept ans environ au lieu de six en 1991. Comme un produit familier, une présence banalisée dont on exige la rentabilité maximum. L'automobile n'est peut-être plus un objet de culte intouchable.
C'est la thèse que défend Robert Rochefort, directeur du Credoc (Centre de recherches pour l'étude et l'observation des conditions de vie), qui parle désormais de désacralisation de l'automobile. «La publicité de l'AX est symptomatique d'une certaine défaite de l'immatériel. On ne cherche plus à vendre un imaginaire, mais tout le surplus de consommation que cet achat permet. L'achat de la voiture a cédé la place aux vacances. Cela renvoie donc à toute une nouvelle logique du désir. Et lorsqu'il achète une voiture, le consommateur veut des prestations très concrètes comme les renforts latéraux, airbags, ABS, etc. Les constructeurs développent donc un autre type d'imaginaire axé sur la sécurité, les valeurs familiales. De là, le succès des monospaces et le retour, depuis un an, du break. Ce qui est important, c'est de constater que cet imaginaire de réassurance correspond à une société d'inquiétude. Dans quelques années, on peut envisager l'apparition d'un imaginaire écologique à partir de la voiture électrique