Attention, ce médicament est moins banal que son nom l'indique.
L'aspirine, commercialisée il y a pile un siècle, ne se contente pas d'être un excellent antidouleur, anti-fièvre et anti-inflammatoire efficace. On savait déjà qu'elle protégeait de l'infarctus du myocarde et de la mort subite des cardiaques, on suspectait qu'elle avait aussi des propriétés anticancéreuses. Ces dernières sont aujourd'hui confirmées (Libération du 11 mai): l'aspirine réduit d'un tiers le risque de cancer du colon et protège sans doute contre d'autre cancers digestifs. Un cas unique en santé publique, où un effet aussi évident, avec un médicament simple et bon marché, n'a jamais été constaté.
Dans l'histoire des médicaments, l'aspirine est un cas à part. Synthétisé au XIXe siècle par le français Leroux, commercialisé il y a 100 ans par le laboratoire allemand Bayer, le produit est connu depuis l'Antiquité: les feuilles de saule, qui contiennent du salicylate de sodium (une forme très proche de l'aspirine mais plus toxique) étaient broyées en tisane pour calmer les douleurs. Hippocrate (400 avant JC) recommandait déjà ces décoctions pour calmer les douleurs de l'accouchement. Un des problèmes de l'aspirine est sa toxicité: les premières formes extraites de la reine des prés étaient inutilisables car trop irritantes. Aujourd'hui encore, le produit, qui empêche les plaquettes sanguines de coaguler, rend le sang plus fluide. Et c'est cette propriété qui est utilisée dans la prévention des maladies card