Vitrolles, envoyé spécial
Radhia Sfaxi a cinq enfants. Cinq enfants dont elle n'est plus vraiment la mère. Depuis plus de deux ans, son état l'a privée de cette vie familiale ordinaire qu'elle menait avec Mohsen, son mari depuis vingt ans. Aujourd'hui, leur salon ressemble à une chambre d'hôpital, il sent l'armoire à pharmacie, les médicaments envahissent le buffet. Radhia survit, recroquevillée au fond de son lit médicalisé. Radhia ne sait plus que pleurer. Le reste, elle l'a perdu en mettant au monde son cinquième bébé, en mars 1994, à Marignane (Bouches-du-Rhône).
Radhia Sfaxi a confiance le jour où elle pousse la porte de cette clinique privée dans laquelle son quatrième, un beau garçon de 4,5 kilos, avait vu le jour dix ans plus tôt. A cet instant, ni elle, ni Mohsen, ne se doutent encore que ce cinquième enfant va être comme sa soeur aînée: un enfant «macrosome», comme disent les gynécologues, c'est-à-dire un foetus qui enfle anormalement durant la grossesse. Radhia l'apprend en février 1994, lors de sa troisième échographie. Elle sait ce qui l'attend. Dans ces cas-là, pronostiquent les médecins, c'est la césarienne avant terme quasiment assurée.
Le 19 mars, les Sfaxi se présentent à la clinique de Marignane. Radhia a ressenti plusieurs contractions et se plaint de douleurs dans le bas de l'abdomen. La clinique ne gardera aucune trace écrite de ce passage. Elle ressort, puis revient le 21, jour du terme théorique. Après examen, on lui administre une dose de Salbutamol, po