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Libération

Les traumatisés crâniens renvoyés vers l'hôpital. Faute d'agrément, le placement familial est compromis.

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publié le 14 juin 1996 à 6h56

Nantes, correspondance

«L'incohérence de l'Etat est affligeante», grince le docteur Pierre Sans. A la tête de l'association Contadour, spécialisée dans le placement familial thérapeutique, il mène une expérience remarquée d'accueil de traumatisés crâniens dans des familles formées à cette vie quotidienne et suivies par une équipe médicale très disponible. Or, lassée de ne pas recevoir l'agrément promis par les instances ministérielles, l'association vient de décider de mettre fin à l'accueil de ces pensionnaires à partir du 1er juillet. En Loire-Atlantique, outre 75 malades mentaux, Contadour héberge une dizaine de jeunes de moins de 30 ans, le corps en ruine, la voix distordue, le mental en lambeaux. Des survivants de la route, rescapés d'accidents, échappés au coma, blessés à vie, encombrés de séquelles qui affectent mouvements, comportement, intellect. Certains de ces «cérébro-lésés» sont grabataires, aveugles. Tous demeurent amoindris comme des psychotiques. L'expérience d'accueil à domicile est pourtant encouragée par les pouvoirs publics comme une salutaire alternative au long séjour à l'hôpital, où folie et suicide ponctuent souvent les placements de ces handicapés. Entourés par une vraie famille, associés à leur mesure à la vie quotidienne, les traumatisés crâniens s'y sentent moins mal que dans l'anonymat et l'assistanat lourd de l'hôpital. Et la formule, souple et chaleureuse, coûte moins cher, tout en créant des emplois au sein des familles d'accueil, souvent en