Longtemps protégée de l'urbanisation sauvage par l'éloignement de la
côte, Yeu rêve encore de se protéger des lois. Et surtout de la loi littoral, qui l'oblige à geler ses constructions. L'île illustre en effet à merveille la contradiction entre un paysage préservé du béton et des habitants qui ont besoin du bâtiment pour vivre. Du coup, au moment où sa population va se multiplier par cinq, l'île d'Yeu doit aborder l'été sans conseil municipal. Pas très pugnace, Jean-Claude Bernard, maire de l'île et par ailleurs conseiller général RPR, n'a tenu qu'un an et un jour: le 13 juin, il a sabordé son conseil municipal en pleine séquestration nocturne d'une commission de révision du plan d'occupation des sols. Huit fonctionnaires des services de l'Etat ont été retenus dix heures par des entrepreneurs du bâtiment soutenus par un demi-millier de manifestants. Le maire commente laconiquement sa démission: s'il avait évalué le guêpier où il s'est fourré, il ne se serait jamais présenté aux élections.
Le lobby des maçons. La restriction croissante des constructions n'est pourtant pas une surprise. Les professionnels du bâtiment brandissent un droit à travailler qui bute sur le strict respect de la loi littoral. En avril déjà, les artisans maçons ont bloqué la navette maritime pour protester contre la préfecture qui a mis son veto à une vingtaine de permis de construire octroyés par le maire. Aujourd'hui, 32 autres permis sont encore en suspens. Le secteur du bâtiment sait ses jours compt