Brest envoyé spécial
De ce rassemblement inégalé de bateaux du passé, la mémoire du touriste retiendra surtout l'image d'un pack humain à peine fluide. Une masse de têtes dominée par une galerie de mâts, de vergues et de pavillons flottant au vent. Les bateaux sont en dessous, sans doute. Ceux qui ont pu approcher du bord le confirment. Dimanche, le lancement de la gabarre Notre-Dame-de-Rumengol, un dundee de 22 mètres confié au Chantier du Guip pour restauration, n'a été vu que des premiers rangs agglutinés tout au bord du bassin. Derrière, on a tendu son Instamatic à bout de bras, on l'a brandi au jugé au-dessus de la foule. Si la photo est réussie, on vivra l'événement plus tard au calme. Même présent en direct, le public est contraint au différé. Sa frustration surnage, son euphorie du matin est noyée par la démesure et les aléas de la saturation. «Des gens, on n'a vu que des gens», soupire une dame emportée avec ses deux filles par l'inéluctable flot de la foule. La plus jeune pleurniche, autant pour avoir perdu son ballon Batman à 50F que pour devoir patienter dans la file d'attente devant l'alignement de toilettes temporaires. Alors que les organisateurs annoncent 800.000 visiteurs pour les deux premiers jours, la manifestation pourrait avoir largement dépassé hier le million et demi.
Echaudée par les débordements de 1992, l'organisation a décidé d'étendre le site de la fête en colonisant de deux kilomètres de quais, soit huit hectares supplémentaires. Malgré l'extensi