Ici, des peintures à l'huile. Planes. Même si l'artiste a du talent,
un tableau reste un tableau. Là, des tapisseries. Monumentales, habillant un mur entier, ou toutes petites, touches de douceur sur la pierre ou le béton. Elles reproduisent les motifs peints des «cartons», les tableaux voisins, qui ne sont en fait que des pré-oeuvres créées pour être tissées. Et soudain les couleurs explosent, chatoient, s'illuminent. Grâce au léger gondolement des lourdes pièces de textile, les vêtements prennent un relief inattendu, les personnages bougent, les carnations des visages deviennent palpables. Entre le carton et la tapisserie, entre le peintre et le lissier (ou licier), il y a le métier, de haute ou basse lisse. Et le matériau textile. Art ou artisanat? L'usage, le «culturellement correct» en vigueur chez les créateurs contemporains, interdit désormais de se poser la question en ces termes. A Beauvais, dans l'Oise, le deuxième Festival international de la tapisserie présente, jusqu'au 15 septembre, 90 oeuvres anciennes et contemporaines. Au-delà de l'exposition éclatée sur sept sites, l'intérêt de cette manifestation est de faire découvrir l'intégralité de la chaîne de production d'un métier d'art qui n'est plus, depuis longtemps, l'apanage des manufactures d'Etat des Gobelins et de Beauvais, ni des ateliers d'Aubusson. Car en marge des oeuvres académiques présentées dans la Galerie nationale et la cathédrale, des productions iconoclastes dispersées dans les autres lieux, un