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Libération

Les petits chineurs boudent la grande braderie de Lille. Accaparée par les antiquaires professionnels, ils lui préfèrent de plus en plus les Berlouffes à Wattrelos.

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publié le 30 août 1996 à 9h01

La braderie de Lille, victime de son succès? Paul, bradeur de père

en fils, n'est pas loin de le penser. «La braderie, je l'évite depuis trois ans. J'attends une semaine et je fais celle de Wattrelos, les Berlouffes.» Berlouffes? C'est le patois local pour désigner guenilles et haillons. Le phénomène de fuite du gigantesque rassemblement lillois qui aura lieu ce week-end prend de l'ampleur. Exaspérés par l'omniprésence des professionnels des marchés aux puces qui envahissent les rues, les amateurs de bonnes affaires et de l'objet introuvable boudent. «C'est simple, s'emballe Paul, la braderie de Lille, c'est l'occasion rêvée pour tous les marchands de St-Ouen de se retrouver à Lille.» Année après année, les stands toujours un peu mal fichus des bradeux lillois se trouvent repoussés sur les boulevards périphériques laissant le centre aux mégaphones des marchands de blousons de cuir et autres bimbeloteries africaines. La ville a bien tenté par quelques menues mesures de limiter la dérive. Officiellement cette année, la braderie s'achèvera le dimanche soir au lieu du lundi midi et ne pourra débuter qu'après la fin du marathon samedi après-midi. Cela n'empêchera pas les antiquaires professionnels de faire leurs meilleures affaires dès ce soir. Depuis plusieurs jours déjà, fourgons et caravanes des forains, brocanteurs venus de toute l'Europe s'impatientent sur des parkings improvisés aux abords de la ville.

Echaudée par l'exemple de sa grande soeur lilloise, la braderie de Wattr