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Libération

Voyage dans l'ancienne colonie portugaise, qui veut oublier vingt ans de guerre civile. Le Mozambique ou la vie retrouvée.

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publié le 7 septembre 1996 à 11h02

En cinq instantanés, cinq lieux où se mêlent un air de «Cuba

africain» et l'empreinte de quatre siècles de présence portugaise.

Mozambique, envoyé spécial Quand l'explorateur portugais Lourenço Marquès, épuisé par les tempêtes du cap de Bonne-Espérance, aperçoit du bout de sa lorgnette un lagon bleu et paisible, fermé par une île de sable blanc, il y jette l'ancre dès qu'il peut. Nous sommes en 1545. Frappé par la douceur du climat et la beauté du site, le très catholique navigateur baptise cette longue côte de rives douces et de mangroves «Baia do Santo Espirito». Comptoir insignifiant, loin de la route des Indes, l'escale restera connue sous le nom de Lourenço-Marquès, aujourd'hui Maputo. En 1887, alors que le trafic d'esclaves est mondialement aboli et que de l'or et des diamants sont découverts au Transvaal voisin (Afrique du Sud), les Portugais font de Lourenço-Marquès la capitale du Mozambique.

Le pays est tellement étendu, et solidement tenu par de turbulents rois africains, que Lisbonne ne le contrôlera complètement qu'en 1951. Escale de marins sur la route des Indes; transit portuaire pour les riches marchandises à destination du Transvaal; réservoir d'esclaves, puis de main-d'oeuvre à bon marché pour les mines sud-africaines; pays de douleur, sorti en 1992 seulement d'une longue et carnassière guerre civile, héritée de l'indépendance de 1975. Une cruelle traversée de vingt ans, tirant un trait sur ces souvenirs coloniaux de «soupes et bouillons au goût portugais», pla