Menu
Libération

Paris pour des très vieux.Ils ont de 80 à 95 ans. Pensionnaires d'un hôpital à St-Etienne, ils sont là pour deux jours.

Article réservé aux abonnés
publié le 10 septembre 1996 à 22h33

Ils ont de 80 à 95 ans. Pensionnaires d'un hôpital à St-Etienne, ils

sont là pour deux jours. Pour aller à Paris, Louis s'est offert un noeud pap et les dames ont acheté des robes. Agés de 80 à 95 ans, pensionnaires à vie de l'hôpital de la Charité à Saint-Etienne, malades ou dépendants, tous les six sont lauréats d'un concours organisé pour la Fondation de France et ont gagné un week-end dans la capitale. La fondation a donné 18 000 francs, la ville et quelques dons privés ont fait le reste et vendredi matin, ils ont pris le train de Paris, avec accompagnateurs et fauteuils roulants (1). Direction Paris, le Louvre, la tour Eiffel et les bateaux-mouches pour quatre jours loin de Saint-Etienne, de l'hôpital et de la solitude.

Dans le bus, à travers Paris, ils sont raides dans les fauteuils, les yeux fixes, comme indifférents à la ville. Ils ne font pas un geste, ne disent pas un mot, ne regardent ni la Seine, ni le Trocadéro, ni même la tour Eiffel. Au Champ de Mars, Marguerite se dégèle un peu, dit qu'elle ne montera pas aussi haut et montre d'un geste qu'elle a peur. 80 ans bientôt, elle vit à la Charité depuis 1939. Elle est née, légèrement attardée, dans un monde où on abandonnait ces enfants-là à l'hôpital, qui tenait lieu d'hospice. Depuis 57ans, elle s'occupe du linge et de menus travaux, ne quittant Saint-Etienne que pour quelques pauvres vacances.

Revivre. «Le problème de l'hôpital, c'est qu'ils ont tout le temps et que nous, on n'a jamais le temps. Leurs journées sont