Lyon envoyée spéciale
D'abord, la rue Saint-Jean est devenue piétonne. Puis la rue Lainerie, la rue Juiverie, la place de la Baleine. Tout le quartier, d'un coup, n'avait plus de voiture. Il a fallu marcher sur des pavés. Des pierres mal polies, récupérées des abattoirs municipaux désaffectés, taillées pour les sabots des vaches. Impraticables. Sauf pour ceux qui n'étaient pas du quartier, et qui se sont mis à affluer. Par centaines, par milliers de promeneurs.
Ensuite, Jeannot est mort. Il tenait un bistrot au coin de la rue Saint-Jean et de la rue Saint-Etienne, à l'ombre de la cathédrale. Sa mère s'occupait de la vente du tabac, en jetant un oeil soupçonneux sur les clients qui, toujours les mêmes, jour après jour, entamaient des 421 après les mots croisés. Un autre café l'a remplacé. Plus grand, avec de la musique, une déco années 50, des tables sur le trottoir. Il est bondé matin et soir.
C'est ici que bat le coeur du Vieux-Lyon, le plus beau quartier de la ville, mal aimé de ceux qui y habitent. Au-dessus du café de Jeannot vivait un médecin. Le bruit des terrasses, l'été, a fini par l'excéder, il est parti de l'autre côté de la Saône. Sur la place Neuve-Saint-Jean, la laverie a été l'un des premiers commerces ordinaires à fermer. Au coin de la place et de la rue Saint-Jean, le charcutier aussi a pris ses cliques et ses claques. Au 50, rue Saint-Jean, les soeurs Chabert alimentation n'ont laissé que les papiers journaux sur les étagères du magasin et l'évier en pierre