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Défilés du Prêt-à porter printemps-été 1997: La mode sens dessus dessous. Le style parisien n'est pas mort. Il bouge et s'enrichit d'une inspiration de plus en plus vagabonde.

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publié le 15 octobre 1996 à 0h36

Faut-il voir dans la menace d'écroulement d'un des murs carmin

servant de décor à la présentation de Givenchy une préfiguration de l'avenir de cette maison, maintenant que le transfert de John Galliano, meilleur buteur de la saison, vers l'équipe Dior est officiel depuis hier? Mystère et boule de mode. Reste qu'en attendant l'arrivée du successeur, Alexander McQueen, la dernière collection Galliano pour Givenchy avait des allures de chef-d'oeuvre, au sens «compagnonnage» du terme. Si le soi-disant excentrique sujet de sa Gracieuse se montre très classique dans le façonnage de ses vestes de tailleur, il est en revanche nettement plus inventif quand son inspiration vagabonde entre Tombouctou et un manoir du Middlesex. C'est ainsi que les broderies «étoile du Sud» et les maquillages-tatouages touaregs rehaussaient les silhouettes Empire, les imprimés fleuris ou les fourreaux qu'on aurait bien vus, si on avait vécu à son époque, sur Joséphine de Beauharnais. Un important passage de smokings (tailleurs-pantalons ou robes) renforçait l'impression générale: un genre de soirée cul-serré dans la gentry victorienne, où un explorateur tout juste revenu d'un pillage ethnique ferait sa conférence informelle devant un bas-relief dogon représentant un rite d'initiation plus connu en Occident sous le terme générique «d'enculage».

Au dernier jour des défilés et au petit jeu du «bilan tendances», le méli-mélo n'est pas l'apanage du seul Galliano. Même si cet esprit n'a pas été traduit partout a