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Libération

Washington, cité des papesC'est dans le quartier de Georgetown, celui des députés, sénateurs, hauts fonctionnaires, éditorialistes, diplomates, tous de passage -comme le président- qu'il faut chercher l'ambiance de la capitale américaine.

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publié le 2 novembre 1996 à 1h46

Washington, envoyé spécial

C'est une ville tout entière dépendante d'une mono-industrie qui n'est pas près de faire faillite: la politique, ses filiales et ses dépendances. L'époque est révolue où Georgetown, «là où l'Ouest a commencé», selon le mot d'un auteur américain, était une sévère bourgade industrieuse vouée au commerce du tabac, sur les bords d'un Potomac agité en amont, plus serein en aval.

Franklin. Mais l'époque est aussi révolue ­ récente pourtant ­ où la capitale de l'Etat fédéral était une ville assoupie de ce Sud américain dont elle épouse physiquement l'indolence et les climats. Ville du pouvoir, Washington a commencé à prendre de l'importance quand le pouvoir en prit lui-même ­ fait relativement récent dans ce pays qui ne fut longtemps, politiquement, qu'une addition d'Etats, et qui bâtit son histoire sur une méfiance farouche vis-à-vis du pouvoir central. Il fallut une grande dépression, Franklin Roosevelt et le second conflit mondial. Voilà pour la réalité. L'apparence, pour une fois, prit du retard. Car tous les vieux habitants en conviennent ­ ils sont rares dans cette ville de fonctionnaires temporaires, de correspondants de passage, de diplomates ou d'élus qui n'y séjournent que quelques années: il fallut, pour que se réveille cette capitale endormie, l'arrivée d'un couple jeune, riche, charismatique et on ne peut plus présidentiel: John et Jacqueline Kennedy. Avec cette famille, les Américains ont vécu l'expérience la plus proche de ce que peut être un