Le convoi de trois wagons s'élance. Une courte accélération de
quelques centaines de mètres et c'est le choc. Dans le troisième wagon, rempli d'ingénieurs harnachés à des sièges baquets, micro-ordinateurs antichoc où s'agitent de jolis graphiques télémétriques sur les genoux, on ne perçoit qu'un bruit plaintif et une décélération brutale. Le crash test du TER (train express régional) à deux niveaux est terminé. Ne reste plus qu'à relever les dizaines de mesures enregistrées par les capteurs situés le long du convoi, dans le chaos des tôles enchevêtrées, comme sur les wagons intacts.
Les crashs tests d'automobiles, tout le monde connaît. Une voiture est catapultée à 58 km/h contre un mur de béton et les mannequins installés dans l'habitacle doivent en ressortir indemnes. L'expérience est obligatoire pour toute nouvelle auto avant sa commercialisation. Mais, dans le cas d'un train, aucune réglementation n'est en vigueur et il a fallu les 56 morts de la gare de Lyon en 1988 (1) pour que les constructeurs ferroviaires se préoccupent de la résistance aux chocs de leurs rames. «Nous avons observé l'accident de la gare de Lyon, mais également d'autres catastrophes à travers le monde», précise Bruno Marguet, chef du service études de GEC-Alsthom, le pourvoyeur de TGV et autres VAL. Sachant qu'un train coûte environ un million de francs, le sacrifice est évidemment plus douloureux que pour une auto à 50 000 francs.
Aussi, avant la mise en circulation du nouveau train à deux niveaux sur