«C'est doux, c'est chaud, c'est beau.» Nadine cherche consciencieusement ses adjectifs, façon d'excuser sa folie, un vison à 4 500 F, «d'occase», précise la nouvelle cliente de ce magasin du boulevard de Grenelle à Paris. Comme beaucoup d'autres, elle a hésité, longtemps, avant de s'offrir du poil naturel. Comme d'autres, elle aime les animaux, et, au final, elle a craqué: «Personne ne trouve rien à redire à l'achat d'une veste en cuir, alors pourquoi pas du vison d'élevage?» Combattue depuis des années par les médias, les associations de protection des animaux et les top models «plutôt à poil qu'en fourrure» (1), la pelisse naturelle semble revenue en grâce cet automne. Et les mêmes tops, jamais en retard d'une tendance lourde, ont défilé il y a quelques semaines, affublées de cols en renard et de kimonos en lapin blanc chez Lacroix et Givenchy.
«Housse à viande». «Depuis le mois de septembre, l'antifourrure s'est essoufflée, on ne bastonne plus la profession, se réjouit Daniel Sprung, PDG de Sprung Frères, l'un des leaders du secteur. Il était temps. En quatre ans, 80% des artisans fourreurs ont déposé leur bilan.» Et les couturiers, qui défendaient secrètement l'adage «un beau vison est un vison mort», peuvent à nouveau affirmer leur choix, à l'image d'un Karl Lagerfeld s'emportant dans les colonnes du magazine Elle (21 octobre 1996). Le couturier prétend que «le vison est une bête très méchante qui déteste les hommes». Et de rajouter que «la fourrure n'es