Les Inuit de la terre de Baffin sculptent marbre et serpentine à
l'image de leur cadre de vie sauvage. Voyage à Cape Dorset, capitale des artistes du Grand Nord canadien. Epinglée dans le hall de l'aéroport, une affiche avertit les visiteurs qui croiseraient un ours polaire: surtout, ne pas prendre ses jambes à son cou. L'ours court vite. Ne pas hésiter en revanche à détourner son attention en jetant de côté quelques doudounes ou autres pelisses. Ce n'est pas 100% utile. Mais à défaut... Au nord du 60e parallèle, sur cette île de Baffin, terre des Inuit et territoire canadien, les peaux qui sèchent devant les maisons confirment que l'ours polaire n'est pas seulement, à l'instar des igloos, un attrape-touristes. D'ailleurs, ici, à part Helmut Kohl, le prince Philip et la reine Elisabeth, dont on a signalé la présence l'an dernier, les touristes sont rares. De Cape Dorset, on dit pourtant, chez les Inuit, qu'elle est Venise ou New York pour son intense vie artistique. Les habitants y sont sculpteurs et peintres de père en fils, de mère en fille. C'est, perdue, au milieu d'un désert de neige et de glace, dans un décor grandiose de montagnes blanches et austères, la capitale de l'art inuit, l'art eskimo, comme on disait autrefois.
Du petit avion à hélice qui se positionne face à la piste d'atterrissage, Cape Dorset a l'aspect d'un mince ruban de maisons basses ondoyant entre les creux et les bosses d'un terrain mouvementé. Lorsqu'aucun skidoo ne dévale les pentes avec son équipag