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Libération

La pub s'ecstasy.

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publié le 14 février 1997 à 16h44

Pour séduire les ados, les publicitaires pratiquent

une complicité narcotique plus ou moins cryptée. Truffés de codes «rave», leurs spots s'inspirent des rites liés à l'ecstasy, sans que parents ou censure ne bronchent. Dans un pays où les ministres se donnent en pâture aux caméras en train de danser la macarena, les codes de la culture club (celle des boîtes de nuit) n'ont pas manqué d'être récupérés par la publicité. D'autant plus que les publicitaires s'arrachent les cheveux pour s'adresser aux jeunes. Leur dernière astuce consiste à jouer sur la complicité narcotique en codant le message pour berner les ligues de vertu et l'autorité parentale non initiée. Ainsi les rites de la prise d'ecstasy se retrouvent-ils décrits dans nombre de publicités, en France et ailleurs.

La drogue est depuis longtemps un cliché utilisé par les publicitaires. Parfums, cafés et même voitures évoquent très souvent de vrais trips sous acide, et les paradis artificiels sont métaphores faciles et fréquentes pour suggérer le bonheur quasi opiacé que procurera tel ou tel produit. Les photos de mode semblent faire chaque jour plus candidement l'apologie de l'héroïne, avec des mannequins aux côtes apparentes et yeux creusés dans des poses de junkies. Dans une interview au Vogue français (1), Tom Ford, le designer de Gucci, ne s'en cachait pas: «Devant quelqu'un qui a cet air-là, vous vous dites: "Mon Dieu, elle a tout vu, tout fait! Quelqu'un qu'on voit au petit matin avec la gueule de bois, les ye