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Libération

La dernière ligne droite de Nuccio Bertone . Le designer italien, père de la Miura ou de la XM, est mort à l'âge de 82 ans.

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publié le 28 février 1997 à 16h48

C'était le Poulidor du design automobile. Nuccio Bertone, éternel

second derrière son concurrent et compatriote Pininfarina, s'est éteint mardi à l'âge de 82 ans à Turin. Lui, c'était l'angle, vif et acéré, au contraire des courbes fines et académiques de son rival. Au pays où le galbe d'une auto provoque des polémiques nationales, la lutte entre ces deux hommes durera plus de trente ans, depuis les années glorieuses d'antan où l'on baptisait ces maestros stylistes jusqu'aux années laborieuses d'aujourd'hui où on les appelle designers. Mais, en Italie, le seul dessin qui soit, c'est celui des Ferrari. Celui-là, Pininfarina l'a emporté. Bertone n'aura qu'une miette: le dessin de la Dino 308 dans les années soixante. La voiture se retrouve considérée par les tiffosi comme une Ferrari du pauvre. Bertone se tourne alors vers un autre constructeur de voitures de sport, Lamborghini. La Miura qu'il signe est remarquable de fluidité, mais Lamborghini n'est pas Ferrari et Bertone restera jusqu'à la fin le challenger. Un rôle qui finira par devenir favorable. A son rival, les industriels demandent de s'adapter au temps qui passe, aux coûts industriels et aux goûts de la clientèle. Bertone, lui, se permet des audaces. En témoigne la Lancia Stratos, fulgurance du début des années soixante-dix. Mais, à cette époque, les designers indépendants perdent nombre de leurs clients. Les bureaux de style sont intégrés aux marques. Les indépendants ne servent plus qu'à la conception de l'except