La huitième Conférence internationale pour la réduction des risques
chez les toxicomanes qui se tient à Paris a confirmé le rôle majeur que peuvent jouer les groupes d'usagers de drogues dans l'espace sanitaire. Anglais, Allemands, Hollandais, Français, engagés dans le mouvement de self-help provoqué par l'épidémie de sida, ont fait cause commune à la Mutualité pour sortir de l'isolement et de la stigmatisation. La rencontre était cornaquée par l'Association d'autosupport des usagers de drogue (Asud) française apparue au grand jour au début des années 90 sur le modèle des «syndicats» de toxicos hollandais (Junkies Bond).
Même s'ils sont consultés par les pouvoirs publics comme acteurs de prévention, les membres d'Asud se sentent davantage tolérés que reconnus. Experts ou militants? Ils se savent entre deux chaises. «Tant qu'il y aura une guerre idéologique à la drogue, nous ne pourrons abandonner notre espace de la militance», a lancé mardi soir à la Mutualité le président d'Asud, Pierre Jolivet. Vice-président de l'association, Jean-René Dard, 38 ans, n'est pas dupe de sa légitimité. «Dès qu'on relâche la pression, on se fait enterrer. Il faut se battre comme des chiens.» Subventions au compte-gouttes, regards en coin de la brigade des stupéfiants, laminage par l'épidémie de sida" «Le fait qu'on soit toujours en vie est déjà une victoire en soi», constate Jean-René Dard dans son local de la rue du Château-Landon (Xe arrondissement), prêté par l'association Aides. Quel chemi