Une équipe de chercheurs américains conduite par John Harrington (université de Cleveland, Ohio) annonce, dans la revue Nature Genetics du mois d’avril, avoir obtenu le premier «chromosome artificiel humain». Cette nouvelle entité génétique, construite de toutes pièces en laboratoire, pourrait ouvrir de nouveaux horizons à la recherche en thérapie génique.
Ce chromosome artificiel se comporte exactement comme un chromosome naturel. Il est constitué d’ADN (acide désoxyribonucléique, la molécule qui porte le patrimoine génétique) et se réplique à chaque fois que la cellule qui le contient se divise. Ses gènes, comme ceux des autres chromosomes, se retrouvent donc dans chaque nouvelle cellule. Et pourtant, ce chromosome artificiel est le fruit d’une véritable jeu de puzzle. Les chercheurs l’ont obtenu à partir de deux sortes de fragments d’ADN. D’une part, ils ont employé des morceaux d’ADN humain appelés «télomères», qui se trouvent au bout de tous les chromosomes et les protègent d’une «usure» biologique. D’autre part, ils ont utilisé des fragments d’ADN synthétisés sur mesure en laboratoire: on sait en effet depuis plusieurs années assembler les constituants chimiques de l’ADN pour produire des petits bouts de gènes. Ils ont ensuite injecté dans des cellules humaines en culture les fragments d’ADN synthétique et humain. Et la nature a fait le reste. Grâce à des mécanismes biochimiques encore obscurs, la cellule a assemblé les différents morceaux d’ADN et construit un