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Brut,rugueux, écorché, de guingois... La vogue du mobilier déjanté. Au salon de Milan, temple mondial de la déco, une nouvelle tendance a fait sensation, aux antipodes du mou, du lisse et du confortable.

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publié le 26 avril 1997 à 0h04

Milan envoyé spécial

Les designers sont las du lisse. Pas tous, bien sûr. Au récent Salon de Milan, référence absolue du design de meuble en Europe, les stars se sont souvent contentées de faire des gammes, d'exploiter le vieux filon de la vague molle ou de la ferraille psychorigide. Mais les nouveaux aventuriers, eux, se sont coltiné le rugueux. Ils viennent d'ailleurs, de Londres, de Tokyo ou des Etats-Unis, comme Franck Schwartz, le réfugié culturel. «Le design des meubles aux Etats-Unis est à l'image des gens de ce pays: lourd et confortable», résume-t-il. Une raison suffisante pour fuir Pasadena la Californienne et s'installer dans la vieille ville italienne, au pays de la dictature esthétique. Là où les gens doivent être beaux, obligatoirement, tout comme leur environnement. Dans son petit atelier, il dessine, découpe, rabote et assemble depuis un an la première collection qu'il vient d'exposer à la Fiera del mobile, appellation officielle de la kermesse milanaise. Ses créations? Des planches, simplement emboîtées, ou vissées à l'aide de gros écrous bien visibles. Les matières? Du contre-plaqué d'une épaisseur de 15 mm, aux tranches mille-feuille, comme il se doit. Franck Schwartz glousse à l'idée de la bonne plaisanterie qu'il espère jouer aux habituels acheteurs de meubles contemporains: «Les snobs pourront toujours dire qu'ils ont des meubles en okoumé, puisque c'est l'essence utilisée pour le contre-plaqué.» Le système Schwartz, c'est le kit réinventé, le meuble à