Coyoacan,autrefois bourg au sud de Mexico, aujour-
d'hui enserré dans la capitale, reste un quartier où il fait bon flâner, entre la maison de Léon Trotski et celle du peintre Frida Kahlo. Un quartier bohème et labyrinthique.
Mexico envoyé spécial C'est une maison bleu indigo qui fait le coin de deux rues ombragées, Allende et Londres, à Coyoacan. Cette bâtisse transformée en musée était autrefois la propriété de Guillermo Kahlo. Au tout début du siècle, sous la dictature de Porfirio Diaz, ce Guillermo, d'origine judéo-allemande, était un photographe reconnu pour ses portraits de familles bourgeoises et, surtout, pour la façon dont il fixa les architectures de la capitale inspirées par l'Europe. La révolution mexicaine, qui vit Pancho Villa descendre du nord, Emiliano Zapata remonter du Morelos et foutre en l'air (un instant) la bonne société de Mexico, ruina la carrière de Kahlo. Mais elle inspira profondément une de ses filles, Frida, la plus sensible et la plus énergique. Celle qui, au début des années 20, sortant à peine de l'adolescence, eut le corps déchiré dans un accident de tram et connut une souffrance physique extrême qui la tortura toute sa vie.
Ce qui n'empêcha pas Frida de connaître le grand amour avec Diego Rivera, le Falstaff du muralisme mexicain, un peintre génial. Elle l'épousa, en divorça et se remaria avec lui, connut des aventures folles et se mit elle aussi à la peinture. Elle y réussit au-delà de toute espérance, s'attirant même les compliments d'André B