La famille de Mourad est au complet. Avec sa femme et ses trois
enfants, ils se sont regroupés dans la cabine familiale, celle qui dispose d'un téléphone amplifié. L'oncle de Tlemcen, en Algérie, est au bout du fil, pour 45 F les dix minutes. «A la maison, ça nous coûte le double», explique le père. Ce téléphone discount s'appelle Call Box, un système anglais débarqué en France depuis quelques semaines. Mourad l'a découvert par hasard, sur le boulevard de Belleville, à Paris. Coincée entre deux commerces, la boutique a des allures d'agence de voyages avec ses vitrophanies aguicheuses: «Maroc: 3,80 F la minute», «Mali: 7,90 F», etc.
A l'intérieur, s'alignent une dizaine de cabines. «Attention, c'est un magasin, pas une agence téléphonique.» Andy Cudworth, Britannique, fondateur et importateur du système Call Box, insiste sur ce point. La cabine téléphonique publique reste, pour un an encore, un monopole de France Télécom. Aussi le commerçant se réfugie-t-il derrière sa vitrine et le flou juridique qu'engendre la présence de ses cabines dans une boutique et non pas sur la voie publique. Techniquement, pour brader ses coups de fil, il utilise bien le réseau national, mais uniquement pour un appel local aboutissant à une tête de réseau privée qui le kidnappe. Ensuite, le signal s'envole vers un satellite ou se réfugie dans un câble, selon la disponibilité et la destination. Il échappe totalement au monopole et permet de réaliser ces économies, connues pour l'instant des seules en