Tokyo envoyé spécial
A Tokyo, on prend son temps. Tous les défilés de prêt-à-porter d'une session japonaise s'étalent sur un mois avec, au maximum du stress, deux collections par jour. Le spectacle commence pile à l'heure, et dans certains cas extraordinaires, des retards de deux minutes trente valent aux attachés de presse des excuses publiques humiliées. Tout cela nous change de l'heure réglementaire de retard que l'on enregistre sur les défilés parisiens, frénésies que les organisateurs persistent à empiler au maximum chaque jour pendant une décade marathonienne. Ce mois japonais vient donc de s'achever et, en guise d'échantillon, on retiendra le curieux défilé dézingueur de Shinishiro Arakawa. Un créateur qui s'inspire de l'univers des jeunes filles de 14 ans, et fait un tabac dans un climat de fièvre acheteuse digne de nos années 80.
Fidèle, il dégénère. La performance avait lieu à l'intérieur de la Tokyo University, considérée comme la meilleure du Japon, d'où sort l'élite intellectuelle et juridique. Or, voilà que les autorités veulent raser des bâtiments pour créer un quelconque échangeur d'autoroute sur le site du foyer Komaba, qui fut, il y a trente ans, un lieu symbolique pour les étudiants contestataires. Deux bataillons d'avocats se mènent là-dessus un combat sans merci, bien que tous ces juristes sortent de cette même université. Shinishiro Arakawa a investi quasi clandestinement l'endroit pour défiler.
Le lieu n'est d'ailleurs pas étranger à l'inspiration du créa