Fécamp envoyée spéciale
On les appelait les «biberons de la mort». Ces flacons étaient munis d'un long tuyau en caoutchouc dont une extrémité en verre plongeait dans le lait tandis que l'autre portait une tétine. Permettant à l'enfant de téter tout seul et à volonté, ils étaient fort prisés au XIXe siècle. Mais le tube, difficile à laver, devenait rapidement un véritable foyer microbien. C'est contre l'énorme mortalité infantile qu'il provoquait qu'un médecin installé à Fécamp, Léon Dufour, partit en croisade. A l'époque des grandes découvertes pasteuriennes, ce pionnier de la pédiatrie sociale en France innova alors dans la distribution et la stérilisation du lait artificiel. Une histoire racontée par le musée de Fécamp (Seine-Maritime) au fil d'une exposition qui réunit 300 biberons, de l'Antiquité à aujourd'hui. Quand le docteur Léon Dufour arrive à Fécamp, en 1881, un enfant sur quatre y meurt avant un an, essentiellement dans les milieux pauvres de ce bourg de près de 14 000 habitants. Cause principale d'une mortalité supérieure à la moyenne française: la gastro-entérite. L'allaitement artificiel s'est fortement développé avec l'industrialisation (industrie du poisson à Fécamp), qui oblige les femmes à laisser leurs enfants en garde pour aller travailler. Les nourrices utilisent le «petit pot» en fer blanc, en étain ou en verre, dont l'orifice est bourré d'un chiffon ou d'une éponge trempant dans du lait et que l'enfant suce. En outre, depuis 1865, le biberon à long tu