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Libération

Les Albères, monts de cocagne.Bout de barrière hérissée de pics entre la France et l'Espagne, le massif des Albères sépare deux mondes catalans. Au nord, des vallées de vignobles; au sud, un paysage encore sauvage. Petit tour par monts et par vaux.

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publié le 7 juin 1997 à 4h01

Les Albères envoyé spécial

Le GR 10 prend son souffle près de la gare de Banyuls-sur-Mer, serpente entre les chênes-lièges et les vignes drainées par des caniveaux en forme de Y qui ressemblent à des empreintes de poule géante, qu'on appelle peu de gall, pieds-de-coq. Par ce sentier lumineux, pour peu qu'on soit un tantinet marcheur, on atteint sans trop d'encombre le col de la Llagastera, puis celui des Gascons et enfin le pic de Sailfort.

Et que voit-on du haut du Sailfort, au-delà des tours médiévales, celles de Madeloc et de Massane, souvenir d'un système de communication ancien qui reliait les montagnes à Perpignan? Au nord, on découvre des vallées encaissées sculptées par les vignobles en terrasses, ceux qui donnent les vins de Banyuls et de Collioure; puis une plaine alluviale plate, le Roussillon, qui a donné son nom à toute une province. De l'autre côté, au sud, en Espagne, la pente est moins raide, mais la forêt dispute le sol à des prairies, le paysage est plus sauvage. Le GR 10, chemin de grande randonnée qui suit la crête des Albères jusqu'au refuge-auberge du col de l'Ouillat, puis jusqu'au Perthus, est une trouée d'herbe aussi rase que le dos d'une vache, parsemée de bornes numérotées, un no man's land bucolique entre deux mondes.

Antagonismes catalans. Les Albères, c'est d'abord un problème de nombre: doit-on dire l'Albère ou les Albères? Ceux qui habitent en Espagne, au sud de ce massif, le plus oriental des Pyrénées, utilisent le singulier. En catalan, l'Albe