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Libération

Créateurs et bouts de ficelle

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Même connus, ils n'arrivent pas à convaincre les industriels de soutenir leurs collections. Et doivent se débrouiller seuls.
publié le 14 juin 1997 à 3h38

Malgré une aura internationale, les créateurs de mode français souffrent et parfois tombent. La fin de l'aventure Leroy (lire ci-dessous) est malheureusement exemplaire de ce qui se passe dans la création, où l'on a déjà perdu ces deux dernières années GR 816, Mariot Chanet ou encore Marcel Marongiu" Car après les Montana-Mugler, la porte s'est refermée pour les jeunes créateurs en France. Au début des années 90, certains, comme Jean Colonna ou Martin Margiela, ont certes permis une nouvelle vague, malgré une industrie plus avide de lancer une millième licence que de prendre des risques avec des foldingues du tissu. Mais la survie des créateurs reste délicate. «Pourtant, on n'est plus des rigolos, explique Jérôme L'Huillier. On sait ce qu'est un délai de livraison, un salaire.»

Les créateurs sont souvent acculés à l'autofinancement. Fred Sathal est dans cette situation: «Je n'ai pas de financier. Je trouve des aides bancaires, mais jamais plus de 50 000 F, alors que j'aurais besoin du triple pour faire un défilé et une collection commerciale. Je me débrouille pour fabriquer dans un atelier à la maison avec deux machines et quelques stagiaires.» Les T-shirts sont fait par un petit sous-traitant, le reste est de la pièce unique. «C'est épuisant: vendre, créer, faire des boulots à côté, résister. Il y a un problème d'échange entre industriels et créateurs.» Les deux parties sont coincées dans une logique financière infernale que décrit bien Fred Sathal: «Il faudrait pouvoir avoi