New-York, de notre correspondant.
C'est Mo B. Dick, «drag king» dans une de ses incarnations les plus viriles qui, ce soir-là, garde la porte du Coney Island High. Vissée dans un costume rouge, les cheveux orange peignés en arrière, son regard veille sur l'entrée avec l'allure macho d'un rocker sévère des années 50. Plusieurs membres de sa bande un groupe de femmes travesties en hommes qui se produisent chaque dimanche soir depuis quelques mois sous le nom de Club Casanova, au Velvet sur l'avenue A sont venus faire un tour. L'un/une d'entre eux/elles, Murrey Hill costume sombre et cravate arborant la bannière étoilée , déambule avec l'air assuré d'un politicien professionnel en quête de mains à serrer.
Nous sommes sur St Mark's Place, porte d'entrée de l'East Village. A deux pas du Community Center qui abritait dans les années 60 le Dom, boîte d'où Andy Warhol pilota, entre autres, les débuts du Lou Reed du Velvet Underground. A quelques centaines de mètres de St Mark's Church où Allen Ginsberg lisait ses poèmes.
Au bout de la rue, à trois blocs de là, les pas mènent à Tompkins Square, petit parc où eut lieu, en 1984, la première édition de «Wigstock». A l'époque, elles n'étaient que quelques dizaines de drag queens. Tompkins Square, qui, entre 1988 et 1991, était devenu un marché libre des drogues les plus dures et le refuge de centaines de sans-logis new-yorkais.
Avec les drag kings, Mo voit venir un nouveau mouvement subversif. «Nous sommes des rebelles sexuels», dit