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Libération
Portrait

Euro gay Pride 97: 1. Monique Wittig, écrivain, vit en Arizona.Pionnière au Far West de la «culture lesbienne».

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publié le 23 juin 1997 à 4h56

Pour les Américaines d'aujourd'hui, elle est l'incarnation de

l'Amazone venue d'ailleurs ­ de France en l'occurrence ­, dont on étudie tous les textes dans les départements de français ou les «women studies» des universités. Une sorte de monument érigé sur le continent américain dans les années 70, quand, dans l'ébullition de la contre-culture, les lesbiennes séparatistes partaient à la campagne installer leurs communautés utopiques de femmes-entre-elles, avec les Guérillères sous le bras (paru en 1969). Monique Wittig, en bref, fait l'objet d'un culte respectueux dans le monde académique et/ou féministe aux Etats-Unis.

Dans les livres doctes sur le MLF, on raconte que le mouvement des femmes en France a démarré à quatre en 1968, qu'elles n'étaient que huit à scandaliser les anciens combattants en allant à l'Arc de triomphe déposer solennellement une gerbe au nom de la «femme inconnue» du soldat inconnu, manifestation qui a marqué le démarrage du mouvement. Monique Wittig fut de cette expédition et, curieusement, n'aime pas évoquer son rôle de cofondatrice du MLF, il y a presque trente ans. Comme elle n'aime pas dire son âge.

Il faut insister pour qu'elle raconte comment les révolutionnaires de 68 les avaient lâchées quand elles avaient décidé d'aller à l'Arc de triomphe alors qu'elles distribuaient pourtant les tracts avec eux sur les marchés, en bonnes militantes. Elle rappelle que ce sont les femmes qui ont créé le Fhar (Front homosexuel d'action révolutionnaire), et que le