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Libération

A Budapest, on va aux bains comme au café. Les eaux de l'Est.

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publié le 19 juillet 1997 à 5h21

Budapest correspondance

Est-ce parce que Budapest est la capitale d'un pays enclavé, privé de l'accès à l'Adriatique par le traité de Trianon qui découpa les restes de l'Empire austro-hongrois, que ses habitants se précipitent «à la plage» l'été venu? Si la Hongrie ne compte pas le moindre millimètre de côte, elle regorge de sources thermales de toutes sortes, carbogazeuses, bouillonnantes ou sulfureuses, voire iodées comme la mer. Rien que dans la capitale, on en compte plus d'une centaine. Aménagées en piscines, bassins, bordées de pelouses ou de terrasses, elles seront qualifiées de plages par les Hongrois. Les Romains y construisirent les premiers thermes, les chevaliers de Saint-Jean y édifièrent les leurs au temps des croisades, puis les rois de la Renaissance, et les Turcs, qui saccagèrent, mais firent aussi pousser force minarets, türbeh et bains en deux siècles d'occupation. Les occupants successifs n'ont pas eu de cesse qu'ils ne s'approprient les eaux miraculeuses qui sont sans doute aux Hongrois ce que le pétrole est aux Texans. «A chaque fois que l'on creusait des puits dans la ville de Pest pour trouver de l'eau potable ou du gaz, on tombait sur" de l'eau thermale», raconte Istvan Fluck, médecin chef de la société de balnéologie. Pareille richesse explique que la culture des bains ait survécu, au cours des siècles. Sous le communisme même, on a beaucoup investi dans les équipements alimentés à l'eau thermale, qui sort bouillante du sol avant d'être refroidie p