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Libération

L'art de la sieste (2). Les dangers de la climatisation.Où l'on perçoit le risque que fait courir la vie moderne sur ce si délicat repos. Même si, dans les années 80, des travailleurs firent grève pour que perdure la pause légale de la sieste.

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publié le 29 juillet 1997 à 5h26

«En Provence, le soleil se lève deux fois. Le matin et après la

sieste.» Yvan Audouard, Les Pensées

Elle se réduit à peau de chagrin, la pratique de la sieste, atténuant les historiques axes nord-sud et est-ouest qui en traçaient la carte mondiale. La sieste fait face à deux ravages de la vie moderne. D'une part, la société de marché qui impose des horaires continus et, d'autre part, les progrès de la climatisation dans les pays chauds. «Quand la terre bronze, les hommes n'ont qu'à faire la sieste», disait un proverbe tunisien" obsolète dans les bureaux climatisés de Tunis ! C'est bien un peu du patrimoine de l'humanité qui disparaît. Et l'Unesco ne peut rien.

Péruviens, Argentins et Chinois, dormez en paix L'imagerie du Mexicain sous son sombrero est dépassée: d'autres nations doivent être saluées. Comme la Chine, qui mentionne dans sa Constitution de 1949 (1) le droit pour tout travailleur à la sieste («xiu-xi»). Ou l'Inde, qui a décerné en 1993 à Shampa Sinha, un étudiant de 23 ans, le grand prix de poésie du continent pour son poème Siesta (2). Enfin, l'Amérique latine est très active pour la cause siestique. Fin 1996, le magazine Clarin Digital à Buenos Aires s'étonnait que Domingo Cavallo, ex-ministre de l'Economie d'Argentine, trouve le temps de lire la presse, malgré ses siestes célèbres. Peut-être se protégeait-il du soleil avec son ennemi d'alors, le quotidien Pagina 12. Dans les années 80, au Pérou, le gouvernement avait supprimé chez les fonctionnaires la pause l