Pour la première fois, un spectateur qui a perdu l'ouïe au cours
d'un concert vient d'obtenir une indemnité: 205 000 francs, qui lui ont été accordés dans un jugement rendu le 1er septembre dernier par le tribunal de grande instance de Marseille.
Le 14 juillet 1993, au Stade Vélodrome, Mohamed Fofana assiste avec des amis au show du groupe irlandais U2. Ils sont au premier rang. Derrière eux, des milliers de personnes poussent. «Des vigiles m'ont fait passer de l'autre côté de la barrière, dans la zone qui servait à évacuer» les spectateurs, raconte aujourd'hui ce fan de rock tendance hard. C'est-à-dire plus près de la scène et des enceintes. «Il y avait beaucoup de gens à côté de moi», se souvient Mohamed Fofana, les vigiles, d'autres spectateurs, du personnel médical" Lui seul sera victime d'un accident auditif: son oreille gauche a perdu 75% de ses capacités, la droite n'entend plus qu'à 51% de ses possibilités. Quatre ans après, «les bourdonnements et les sifflements sont les premiers bruits que j'entends quand je me réveille, et les derniers que j'entends le soir. Angoissant et pénible», témoigne la victime, invalide à 35%. «Est-ce que mes oreilles valent 205 000 francs? Non. Mais pour quelle somme peut-on accepter de devenir malentendant?»
Mohamed Fofana a donc décidé de se battre «pour qu'on ne puisse plus ressortir sourd d'un concert de rock», comme l'explique son avocat. Ce dernier, maître Michel Fructus, a choisi de se placer sur le terrain de la santé publique. Cett