Les femmes visitent et choisissent la maison, dont le prix peut
atteindre 250 000 francs. Quand le vendeur a fini son show, les hommes négocient ferme.
Diego a le nez collé à la vitre en plastique. Derrière lui, ses frères s'impatientent. «Alors, qu'est-ce qu'elles font?» Diego se détourne et s'énerve. «Toujours plantées devant les placards et le gavalo les lâche pas.» Le gavalo, terme qui désigne celui qui n'est pas gitan, s'appelle Jean-Pierre et il vend des caravanes au Salon des véhicules de loisir qui s'est achevé hier soir. Dix ans qu'il fait ça: convaincre des femmes que ses maisons roulantes sont les plus belles. «Ce sont toujours elles qui choisissent la roulotte, les hommes attendent à l'extérieur.» Comme Diego, qui piétine en attendant Miette, son épouse, et ses soeurs, qui n'en finissent plus d'explorer les placards de cette caravane de 6 mètres de long à 250 000 F. A force de fréquenter ses clientes, Jean-Pierre en a épousé une: une alliance sésame et un argument de vente béton pour ses tractations. «Maintenant, je ne suis plus un gavalo, mais un raclo. Ça désigne aussi un non-gitan, mais de façon plus sympa.» Jean-Pierre est un mercenaire qui se vend à une marque ou une autre le temps d'un salon. Depuis le temps, il a ses trucs. Des images pieuses dont il décore les caravanes «et, surtout, une petite Vierge illuminée. Il faut aussi savoir s'habiller». Les codes vestimentaires sont stricts. Costume noir près du corps et chemise hawaïenne. Un mélange de sobriété et