Les présentatrices de M6 s'habillent en Chanel. Liam Gallagher, le
chanteur d'Oasis, défile pour Versace. Jamiroquaï, ex-chanteur écolo s'exhibe en Ferrari dans ses clips. Kate Moss demande 20 000 $ par défilé à Milan et se fait faire des brushings monstrueux dans les pubs Versace. Le total look est à nouveau dans le coup. Le noir est revenu. La vraie fourrure est revenue. Les talons aiguilles sont revenus. Les épaulettes sont revenues. Les années quatre-vingt sont revenues. La mode est à nouveau à la mode. Certains parlent de cauchemar, d'autres jubilent.
C'est donc le gros retour du luxe, de valeurs qu'on avait préféré juger obscènes avec la dépression économique et nerveuse du début des années quatre-vingt-dix. Les militants du Peta terrorisaient l'industrie de la fourrure, le grunge, puis les fripes et même le streetwear ébranlaient les designers. La frêle Kate Moss était le mannequin-scandale dont les poses d'orpheline remettaient en question dix années de pouliches blondes à gros seins. Les Corine Day, David Sims, Jürgen Teller renouvelaient la photo de mode par le dépouillement, le cru à vif, le flash dans la gueule et l'acné non retouchée. Le réalisme était devenu misérabilisme, et la mode a connu l'heroin chic: les mannequins prenaient des poses de camées en overdose, avec des maquillages spécial décavées. Mais Bill Clinton a réagi en personne et comme promis, la fraîcheur et le luxe sain sont revenus.
En photo, voilà donc le revival de Guy Bourdin, le grand retour de