Dans une vitrine de l'avenue de la Liberté, une citation d'Eric
Rohmer: «Je suis opposé à la peine de mort, sauf pour les architectes.» Elle ne dépare pas dans la présentation de documents protestataires qui tous s'élèvent contre la construction du nouveau palais des Congrès. Ils accusent les gros cubes blancs en chantier, situés entre le rio Urumea et la plage de la Zurriola, à Gros, le quartier est de San Sebastian, en face du magnifique théâtre Victoria-Eugenia, de bousiller le panorama. Mais ces opposants ont beau faire beaucoup d'efforts, il n'ont guère de chances de succès.
Habituée. Dès l'année prochaine, le palais des Congrès va donc voir le jour et la laideur gagner la partie. Qu'importe! Ce n'est pas la première fois que la capitale de la Guipuzcoa, la ville que les Basques appellent Donostia, est défigurée. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, elle fut détruite par des incendies. En 1813, les troupes anglo-portugaises du duc de Wellington mirent fin à cinq ans d'occupation napoléonienne en transformant la perle de la mer Cantabrique en monceau de ruines. Quelques décennies plus tard, quand Isabel II vint soigner une maladie de peau avec sa cour, on construisit des palais pièces montées, pas toujours discrets. Dans les années 70 ou 80, certains défigurèrent encore Donostia la basque avec quelques buldingues d'une rare laideur. Même la promenade autour de la Concha, la plage principale, en forme de coquille Saint-Jacques, est dominée par des bâtiments de béton triste et de