Monique Kretchmann, est chargée de mission aux droits des femmes.
Cofondatrice du planning familial de la Loire, cette Stéphanoise a lutté pour une pilule qui a changé sa vie.
«Dans les années 50, on se mariait. J'avais 18 ans, j'étais vierge. C'était pas de la vertu, mais de la trouille. Le mariage religieux avait lieu un samedi. A la mairie, c'était le jeudi d'avant: eh bien le jeudi soir, on a dormi chacun chez ses parents. Neuf mois et douze jours après le mariage, mon fils est né. Vingt-et-un mois plus tard, le second. Et ma fille 4 ans après.
Je voulais fonder une famille, j'aurais été la plus malheureuse des femmes si on m'avait dit que j'étais stérile. Mais je me suis rendu compte, à 20 ans, que j'aurais bien fait autre chose que des enfants.
Quand mes fils sont allés à la maternelle, mon mari m'a entraînée à la Fédération des oeuvres laïques (FOL) et dans un mouvement de parents d'élèves, la FCPE, qui se créait. On était une dizaine de jeunes couples suffoqués par la crainte d'avoir d'autres enfants. On avait surtout peur de ne pas pouvoir les éduquer, on était déjà débordés.
Tous les mois, dès que mes règles avaient une heure de retard, je commençais à désespérer. Ce qui me faisait peur, c'était un avenir de galère. Mon mari disait que j'aurais désespéré un régiment. On n'avait plus de liberté dans notre relation, il fallait presque faire l'amour à date fixe, on était suspendus au coïtus interruptus. Puis on a entendu parler d'une équipe à Grenoble, et on y est allés.