De la Giraglia au nord à Pertusato au sud, abordage insolite du
rivage corse.
Mille kilomètres de maquis et de senteurs, éclairés par le souvenir de quelques gardiens du feu.
Au bout d'une nuit de bateau depuis Marseille, c'est lui qui apparaît au petit matin. Premier salut de la Corse, une grande tour blanche cernée de noir sur un rocher animal, de schiste vert serpentine. Une image parfaite qui renversera le coeur des insulaires de retour au pays après les grands exils d'après-guerre. La Giraglia, figure de proue septentrionale du cap Corse, gardienne entre la Méditerranée et la mer Tyrrhénienne, reste aujourd'hui encore bouleversante. Le phare, qui se voulait le plus puissant de la Méditerranée, conçu par l'architecte Léonce Reynaud et construit en plus de dix ans (de 1838 à 1848), en pleine mer, dans les conditions qu'on imagine, est une porte rêvée pour aborder cette île mythiquement impénétrable.
Pour la cerner, pourquoi ne pas en faire le tour? Vraiment le tour, au gré des cinq grands phares et des autres plus petits qui la ceinturent de leurs faisceaux. Mille kilomètres de rivages, longtemps boudés par ce peuple de pasteurs, à cause du paludisme, à cause des envahisseurs «barbaresques». Emprunter donc le point de vue de l'envahisseur. Un pied sur l'île, un autre en dehors, dans cet étrange no man's land que sont les sites des phares. Nord. Plantée sur un rocher au large du petit port de Barcaggio, l'île de la Giraglia, comme les autres, ne se laisse pas si facilement ab