Il y a ceux qui n'ont pas les moyens, et ceux qui ne tombent jamais
dans la bonne classe. Les enfants qui reviennent enchantés et ceux qui n'ont pas pu partir. De la maternelle au lycée, de la classe verte au séjour en Grande-Bretagne, les voyages creusent une brèche dans la belle école égalitaire. «Pour moi comme pour la plupart de mes collègues, ce dossier est un sujet d'indignation permanent», s'emporte une assistante sociale en poste dans une zone d'éducation prioritaire de l'académie de Versailles. A quelques rares exceptions près, les établissements suivent, en la matière, des politiques anarchiques, uniquement fondées sur les projets pédagogiques de quelques profs entreprenants.
Au collège Elsa-Triolet, dans le XIIIe arrondissement de Paris, parents, enseignants et direction ont mis au point une charte destinée à éviter les conflits. Ce texte prévoit notamment que «les professeurs sont tenus de déposer leur projet auprès du principal avant les vacances de la Toussaint, afin qu'un planning puisse être établi"». Rédigée au long de l'année scolaire 1994-1995, elle n'a, semble-t-il, pas fait d'émules, regrette Jean-Bernard Denis, le principal de l'époque. Son successeur affirme, de son côté, qu'elle n'évite pas les accrochages: «Vous comprenez, les parents d'élèves ont deux os à ronger: le poids des cartables et les voyages scolaires.» Parfaite illustration du mépris dans lequel sont tenus les contestataires.
Au collège Claude-Monet de Paris, tous les élèves de sixième parte