Le 119 de «Allo Enfance maltraitée» ne répond plus. Le personnel
d'écoutants du numéro vert du Snatem (Service national d'accueil téléphonique pour l'enfance maltraitée) était hier en grève. Pour la deuxième fois en moins d'un mois, il entendait ainsi protester contre «les orientations et les pratiques mises en oeuvre par la direction et les nouveaux encadrants». Dans leur ligne de mire, une note de la direction qui fixe à 35 en moyenne le nombre d'appels que chaque écoutant doit prendre par plage de quatre heures. Ce texte, qui date du mois de mars, avait déjà provoqué un arrêt de travail le 21 octobre. Et depuis, les négociations entre les praticiens-écoutants et la direction n'ont pas progressé.
«Nous ne sommes pas des opérateurs de télémarketing», disent les écoutants. L'équipe des 40 personnes de ce service centralisé à Paris voit dans la fameuse note une «obligation de rendement». Ils la jugent incompatible avec l'«aspect qualitatif de l'écoute» nécessaire à leur mission. Psychologues et psychanalystes pour la plupart, ces salariés-écoutants exigent désormais l'abrogation de cette circulaire, à laquelle «il est un devoir de désobéir». Pour eux, cette «déclaration de guerre», accompagnée de sanctions, signifie qu'ils devront consacrer une moyenne de sept minutes à chaque entretien. «Comment, en sept minutes, accompagner, soutenir, un mineur dans un cheminement souvent long et douloureux ["], comment, en un temps aussi restreint, répondre aux innombrables demandes d'interv