Il a cinquante ans, et depuis cinquante ans l'Hygiaphone n'avait pas
changé. Cette sorte de passe-plat administratif avait gardé son allure de petite fenêtre à barreaux, peu à même de favoriser la convivialité. Cette intransigeance, désormais, lui fait du tort. Usagers et services publics n'en veulent plus. Aussi, la maison Hygiaphone, leader du marché, vient-elle de présenter au salon Batimat le Duetto, un nouveau modèle tout en courbes accueillantes, qui a d'ailleurs obtenu un Trophée du design.
Créée par l'entreprise Hygiaphone à la demande de la SNCF, cette «oreille transparente» devient rapidement le palliatif indispensable à toute contamination par l'haleine au guichet. La vitre s'était en effet imposée comme la réponse adéquate à l'épidémie de grippe de 1946 qui avait fait des ravages chez les agents de vente. Fort de son succès, l'Hygiaphone s'installe durablement entre le guichetier et le client. Sur sa fonction hygiénique de base vient ensuite se greffer un impératif de sécurité. Ses principaux utilisateurs se recrutent dans le service public et les administrations (impôts, Sécurité sociale, ANPE), également parmi des entreprises privées à haut risque comme les banques. Son utilité ne fait alors pas question.
Camp retranché. Mais avec le temps, il devient le symbole d'une administration pas toujours à l'écoute de ses clients. Cristallisateur de l'exaspération des usagers, il se mue trop souvent en camp de retranchement pour agents débordés. Tout cela ne rend pas l'Hyg