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Libération

Sur la côte ouest de l'Inde. Goa, l'enclave tropicool. L'ancienne colonie portugaise a conservé ses allures d'Eden baba... et catholique. A la vieille garde hippie sont venus s'ajouter les adeptes de toutes les défonces.

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publié le 17 janvier 1998 à 16h23

Goa, envoyé spécial.

Goa la schizophrène, ses atours de Lusitanie tropicale et ses fièvres de transes hippies. A une encâblure des plages de rêve, les marches de l'église des Reis Magos voient défiler, soleil au zénith, une cohorte endimanchée. Costumes noirs, noeuds papillon et jupes à volants chatoyantes déambulent, solennels, pour la procession des rois mages, incarnés par trois bambins couverts de couronnes en papier or. Les curés en soutane blanche laissent place au carnaval, aux fanfares de cuivres et aux marchands du temple qui vendent beignets de poisson et crevettes au curry. C'est jour de fête à Goa, territoire à 35% chrétien. Entre cocoteraies et rizières, au pays des divinités hindoues, émergent partout des églises blanchies à la chaux que les chrétiens lavent avec soin à chaque Noël. 154 paroisses en tout.

Au sortir de Mapusa, au nord, resplendissent l'église d'Assagao (1775), sa chapelle et son cimetière. Deux ou trois vaches sur son parvis déserté, et Fernandez, assis dans le patio avec tee-shirt troué et short court. Sacristain et cuisinier fidèle depuis quarante-cinq ans, il veille sur les reliques, le retable et les brocarts, entretient la crèche de Noël qui restera en place pendant quatre à cinq mois, et chemine dans un dédale de pièces chargées d'histoire muni d'un gros trousseau de clés. «Je suis allé jusqu'au collège!», bredouille-t-il en portugais.

Portugais dans l'âme. Plus loin, à Panjim, capitale de l'Etat, des Goans exilés à Bombay viennent faire bén