C'est la querelle des antiquaires et des modernes. Les défilés de
haute couture qui se sont déroulés cette semaine ont mis en évidence deux tendances: soit les créateurs puisent leur inspira-tion dans le musée de la mode (Dior, Givenchy),soit ils inventent (Lacroix, Gaultier, Adeline André...) Hors concours: Saint Laurent.
Serait-ce le premier effet du titanesque succès de Titanic? Le fait est que, pour le printemps-été 1998, la majorité des défilés de haute couture a rêvé cette semaine de croisières de luxe dans les eaux anciennes du début du siècle, saturant les modèles de citations «Belle Epoque» plus ou moins inspirées. C'est le fantôme de Worth ou de Doucet qui a hanté le pont des podiums, c'est la silhouette emmitouflée des divas italiennes du cinéma muet qui est passé sur l'écran, et c'est Robert de Montesquiou qui aurait été le meilleur journaliste pour rendre compte du tout. Cette ruée sur une mode ancienne, pour ne pas dire antique, est à la fois un symbole et un mode d'emploi qui permettent de reposer une question fatiguée et fatigante: ça sert à quoi que les Ducros de la couture se décarcassent? Un symbole puisqu'on peut en effet se demander si le monde plus que jamais hors sujet de la couture, où le moindre petit bout de machin est facturé au minimum 50 000 francs pour une clientèle au fil du temps de plus en plus étique, ne fonce pas à son naufrage comme dans le Titanic de référence, en musique et à tombeau ouvert. Vogue le navire, vogue la galère. La fiction est